L'école Taramana / 5 avril 2008

Publié le par Taramana

La sonnerie vient de retentir. Il est 9 heures le matin. Les enfants accourent tout guilleret et entrent dans l’école de l’association située au bord de la voie ferrée. Nous sommes dans le quartier Boeng Salang dans le Nord Ouest de Phnom Penh à quelques encablures de la route numéro 5 qui mène à Battambang, deuxième ville du pays.

 

Une bonne quinzaine d’enfants ont pris place sur des petits tabourets rouge et bleu que l’association a achetée. L’école a été entièrement repeinte en blanc et orange, les couleurs de l’association, et décorée au mur avec de jolis dessins d’enfants.

 

Il fait déjà chaud à 9 heures. Le thermomètre affiche un bon 32 degrés, température normale pour un début de mois d’avril, un des mois plus les chauds de l’année.

C’est le cours des petits. Taramana accueille les enfants parrainés  tout comme tous les enfants du quartier volontaires et motivés pour apprendre la langue de Molière. Je suis chaque fois surpris de voir autant d’enfants désireux d’apprendre une langue aussi compliquée que le français.

Les enfants de ce groupe ont entre 5 et 11 ans. La plupart ne savent pas écrire, surtout les plus petits. D’autres font ce qu’ils peuvent. Force est de constater qu’ils font le maximum pour apprendre et retenir toutes les subtilités de la langue française.

 


La classe est bruyante. Je n’en suis pas à mon premier cours donné aux enfants. La tâche est rude et difficile. Mon khmer est rudimentaire et j’en aurai pourtant grandement besoin pour me faire comprendre. Je devrais avoir honte de ne pas mieux parler cette langue mais je n’ai jamais trouvé le temps de m’y investir davantage. Le temps, c’est toujours ce qui me manque. C’est aussi une bonne excuse car on veut, on peut. Tout est question d’organisation. Je dois donc user de finesse pour me faire entendre. Heureusement que j’aime bien faire le pitre et improviser toutes sortes d’imitations. Le dessin est indispensable. En dernier recours, je sollicite une des grandes filles venues en renfort qui assure la traduction via l’anglais.

 

Je dois trouver le moyen de capter leur attention, rendre le cours aussi ludique que possible. Voilà, trouver le moyen de leur faire apprendre du vocabulaire tout en les amusant. Les grands se prêtent facilement au jeu même si on pourrait penser qu ils ont passer l’âge. Ils adorent chanter. Bingo ! Ils connaissent toute l’anatomie humaine grâce à la chanson « Savez-vous planter des choux » ? Bien sur, ici au Cambodge, on plante les choux avec la main et le pied mais aussi avec les yeux, les oreilles, la bouche et même les cheveux… ! Peu importe du moment qu ils ont compris ce qu ils chantaient. Et avec quel engouement !

 

Les volontaires pour chanter cette cantine me  hurlent des « Moi, moi !! » en brandissant leur index vers le haut pour passer au tableau et avoir le privilège de chanter devant tout le monde. Je ne sais qui choisir. Il faut faire tourner tout le monde par 3 candidats perchés chacun sur une chaise, filles puis garçons. Et se souvenir le lendemain à qui ce sera le tour sous peine de faire des malheureux.

Je ne boude pas mon plaisir. Quelle joie de les voir chanter, tenter de retenir le vocabulaire pourtant pas facile à prononcer. Ils ont beaucoup de mal avec les mots commençant par les j (qui deviennent des z) et les s (qui deviennent des ch) quand il leur est  carrément impossible de prononcer le son U qui devient un OU. Je m’en amuse au quotidien.
Les jeunes filles ne dansent pas en tutu mais avec leur « toutou » ! Ben oui, c’est « coucou » la praline mais c’est comme ça.

 

                                               Phnom Penh, le 5 avril 2008                J.D

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