Le « Bonjour » détrône le « Hello » à Boeng Salang / 28 avril 2008

Publié le par Taramana

 

En décembre 2006, lorsque j’ai découvert le quartier de Boeng Salang, des « Hello » fusaient de toutes parts des maisons qui bordent la voie ferrée. Les enfants surtout parmi les plus petits me lançaient des « hello » à gogo se  hasardant ainsi à provoquer leur timidité face au barang (homme blanc) on se sait venu quoi faire dans un quartier qui n’a en soi  rien de touristique. C’était amusant de voir des ribambelles de bambins sortir furtivement de leur petite cahute en bois uniquement pour me saluer avec sans doute l’unique mot d’anglais qu’ils connaissaient : hello. Et si par malheur, j’osais ne pas leur retourner leur salut sauce américaine, ils continuaient à le brailler à tue tête jusqu'à ce que je leur rende la politesse.

 

18 mois après, les hello pourtant si populaires se sont transformés en bonjour. Je devrais dire plutôt bonzour car les cambodgiens ont beaucoup de mal à prononcer la consonne j qui prend des allures zézayantes. Quelques  hello se font encore entendre ci et là mais le bonzour l’emporte aisément. Une soixantaine d’enfants viennent plus ou moins régulièrement aux cours de français que l’association dispense à raison de 3 fois 1 heure et quart (3 groupes) du lundi au samedi inclus.

De retour à la maison, les élèves apprennent à leurs familles des rudiments de français. Les mêmes bambins qui me hurlaient sans tarir leur hello hello il y a 18 mois  se sont mis au bonzour auquel je me prête plus facilement au jeu pour leur répondre. Connaissant les prénoms de tous élèves venant aux cours de français, il n est pas rare que j’engage une brève conversation en français au gré de mes passages dans la rue qui mène à l’école. Mes amis français qui viennent parfois faire un tour dans le quartier se disent surpris de voir les plus grands venir les saluer et tenter de communiquer avec eux en français.

 

Taramana n’a pas vocation à francophoniser le quartier. Il est incontestable que devenir bilingue ou trilingue au Cambodge est un atout majeur. Les grandes universités à Phnom Penh (Sciences de la Santé, Droit et l’ITC = Institut de Technologie du Cambodge) accordent une grande place à la langue de Molière. Parler anglais et/ou français leur permettra sans aucun doute de pouvoir également accéder à un poste bien mieux rémunéré dans un des métiers du tourisme, de l’hôtellerie restauration ou du secrétariat, quand ce n’est pas dégoter le privilège de mettre un pied dans une ONG anglophone ou francophone qui accorde des salaires bien plus généreux que dans le reste du pays.

 

Taramana dispense également des cours d’anglais. Dans un futur que l’on espère proche, l’association offrira des cours de rattrapage scolaire aux élèves en difficulté. Il est bien évident que notre volonté première est de permettre à chaque enfant de maîtriser sa langue natale et de le soutenir dans toutes les matières dites fondamentales : littérature khmère, mathématiques, physique, chimie, histoire, géographie,…

 

Mais nous n’allons pas bouder notre plaisir. Vive tous ces petits bonzours qui accompagnent désormais le passage de tous les barangs de Boeng Salang !

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P
C'est magnifique, lorsque je lis ce blog (j'y viens chaque jour) un sourire se déssine par automatisme sur mon visage, Merci!<br /> Depuis ma décision d'être parrain, chaque jour je pense aux enfants Taramana, à l'équipe, a ma filleule, les anecdotes et récits de vie que vous faites ici me transporte immédiatement.<br /> Aimer et aider sont des choses naturelles chez les enfants, en devenant parrain je me rends compte que je reçoit finalement beaucoup plus que je ne donne, je m'en veux d'avoir tarder a faire ce choix et m'agace que si peu de gens le fasse.<br /> Merci pour le sérieux de votre engagement qui m'a réconcilié avec "l'humanitaire", merci pour ce blog qui permet une connexion quasi permanente avec tout le monde sur place, merci pour les sourires des enfants et merci pour celui qu'affiche mon visage en découvrant vos articles.<br /> Je viendrai vous voir, c'est une certitude.<br /> Aurélien
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