Boeng Salang, le bidonville aux mille visages / 24 août 2008

Publié le par Taramana

S’étendant sur deux kilomètres carrés , traversé par une voie ferrée qui sépare deux rangées de maisonnettes en bois plus précaires les unes que les autres, le quartier de Boeng Salang sublime l’âme du district de Russey Keo, au Nord de Phnom Penh, la capitale.

Dès ma première visite il y a deux ans, ce lieu m’avait tout de suite séduit. Par ses couleurs, ses odeurs et les visages que l’on croise en déambulant tout le long de cette dérobée de rails métalliques dont on a peine à croire qu’ils supportent quotidiennement des trains de fuel provenant de la station de pétrole Sokimex jouxtant le bidonville.

Je dois l’avouer : je l’aime ce quartier. Nous y avons aménagé une petite salle d’école entièrement redécorée aux couleurs de l’association qui dispense 25 heures de français par semaine à quelques 70 élèves motivés et volontaires de se familiariser avec la langue de Molière.

Si, un jour, vous venez au Cambodge, ne manquez pas de faire un détour dans ce village hors du commun. Il vous faudra marcher 300 mètres sur la voie ferrée pour atteindre notre petite école. Avant d’y accéder, vous serez rejoints par une horde de bambins vous hélant des bonzour bonzour à n’en plus finir, si fiers de vous saluer en français, et pour certains d’entamer la conversation. Attendez vous toutefois à être questionné sur votre âge, votre situation maritale et tout un tas de questions un tant soit peu indiscrètes pour nous, mais complètement naturelles pour un enfant cambodgien.

Et puis, si vous prenez le temps de flâner dans le quartier, vous aurez alors l’occasion de découvrir ci et là des visages susceptibles de vous émouvoir.  Ils sont souvent souriants et chaleureux, acceptant de bon cœur d’être photographiés.

Je me demande toujours ce qui se cache derrière le sourire khmer surtout pour ces hommes et femmes âgés , victimes ou bourreaux de la triste période khmère rouge  qui a décimé le tiers de la population du Cambodge au milieu des années 70. Le pays se relève doucement de cette sombre histoire. Le procès des khmers rouges ne va commencer que le mois prochain, en septembre, quasiment trente ans après la fin du régime sanglant instauré par Pol Pot et les siens.

A Boeng Salang, j’ai l’impression qu’on ne se soucie guère de l’issue d’un tel procès. On se préoccupe plutôt de savoir ce que l’on va bien pouvoir manger ce soir et si on aura suffisamment d’argent pour envoyer ou non à l’école son petit fils le lendemain.  C’est pour cela que Taramana soutient, grâce à son programme de parrainage  une centaine d’enfants de ce quartier en leur procurant riz, aide à la scolarisation, soins médicaux et dentaires et prochainement des cours de rattrapage scolaire. L’éducation et l’accès au savoir restent une priorité absolue pour les enfants de l’association.

Sans nous le dire, les grands parents l’ont bien compris.

 

 

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P
Souvent la vie nait du chaos, cet article emt en valeur un constat simple: Une population meurtrie par ces années de guerres et de régime horrible, vit dans une précarité absolue. Et ces gens ont le sourire. Cherchez l'erreur...et bien il est possible que l'erreur ce soit nous, occidentaux repus et grimaçants qui la commettions.<br /> Le bonheur est dans le pré, la vie est belle etc... des dictons ça on en a....pas grand monde pour les appliquer par contre...<br /> Je pense savoir pourquoi vous aimez ce quartier de Boeng Salang Docteur, parceque les gens semblent aimer y vivre tout simplement.<br /> Quand les gamins ici dans nos cités et même ailleurs font la gueule, tout ceux que je vois a Taramana ont la banane! Je suis fier d'avoir une petite filleule issue de ce quartier, a défaut d'autre chose, l'air y semble meilleur qu'ailleurs.
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