Pleins feux sur Madame Kun Sithan, Présidente Taramana Cambodge / 24 août 2008
Je ne peux résister à l’envie de vous faire connaître une dame hors du commun. Il s’agit de Mme Kun Sithan, professeur des écoles dans le village de Kompong Speu, à 60 km au Sud de Phnom Penh, sur la route de Sihanoukville.
Mme Sithan n’est autre que la mère adoptive de Séthara, le « Tara » de Taramana. J’ai eu l’occasion de rencontrer pour la première fois cette dame à l’ONG « Pour Un Sourire d’Enfant » (PSE) qui œuvre pour sortir de la misère quelques 6000 enfants chiffonniers de la décharge de Stung Mean Chey dans le Sud de Phnom Penh.
Elle a réintégré depuis quelques années son village natal de Kompong Speu où elle vit avec son fils Séthara dans une petite maison en dur avec un jardin où quelques manguiers côtoient en parfaite harmonie leurs cousins bananiers. Son salaire de professeur, qui ne dépasse guère les 60 dollars par mois (soit à peine 40 euros), ne lui permet pas de faire de grandes folies. A l’instar de la grande majorité des cambodgiens qui vivent à la frontière du seuil de pauvreté, 80% du budget est consacré à l’alimentation.
Si la situation socio-économique de Mme Sithan n’a rien d’extraordinaire au Cambodge, je m’empresse d’ajouter que je suis fier et heureux de la connaître. J’ai envie de dire que c’est un ‘’monstre’’ de générosité tout comme l’était Mme Nay Sath, la maman de Maryna (la « Mana » de Taramana) avec qui j’avais eu la chance de travailler à l’infirmerie de PSE avant qu’elle ne nous quitte malheureusement il y a quelques années.
Je ne peux vous raconter dans ce blog le passé douloureux de Mme Sithan, toutes ses souffrances endurées sous Pol Pot et même après. On a beau avoir lu des tonnes de livres sur ces 30 années de guerre avec les bombardements américains, le génocide khmer rouge et l’occupation vietnamienne qui en a suivi, on ne peut pas imaginer ce qu’on vécût les survivants de cette période sombre du Cambodge. Je n’ai personnellement jamais eu la faim au ventre et que des cafards ou des rats à manger. Je n’ai jamais subi de violences physiques ou d’humiliations qui me permettent de comprendre une seconde le ressenti de ces personnes rescapées de l’enfer.
J’ai une grande admiration pour Mme Sithan que je n’entends jamais se plaindre de quoi que ce soit, qui fait tous les sacrifices pour le bien être de son fils et qui fait preuve de surcroit d’une discrétion et d’une pudeur qui forcent le respect.
Mme Sithan est la Présidente de l’association Taramana au Cambodge. Elle a en charge, avec l’aide de Maryna et Séthara, le contrôle des familles et la supervision de la distribution des sacs de riz chaque premier dimanche du mois. Toujours avec le sourire, le geste de compassion, la main tendue à tout le monde. Ça fait du bien de vivre et travailler aux côtés de gens comme cela. J’ai honte de faire parfois parler mon individualisme pour me plaindre de petits problèmes insignifiants. Toutefois, j’ai l’impression que je commence à réfléchir à deux fois avant de râler pour rien. De là à ce que vous ne m’entendiez plus …
C’est aussi grâce à des gens comme Mme Kun Sithan que je ne me lasse pas de revenir au Cambodge pour partager toutes ces valeurs de respect et d’humilité qui tendent à disparaître dans nos contrées dites civilisées.
Quand je vous aurai dit que Mme Sithan fait le meilleur amok du pays…
(Amok = plat typique à base de poisson cuit dans des feuilles de bananier et de jus de noix de coco servi avec du riz).