Cérémonie du bonheur au Centre Taramana

Publié le par Taramana

 

Le 24 janvier dernier, un événement un peu particulier s'est déroulé en plein cœur du bidonville de Boeng Salang. En présence du chef de village, des « sages » du quartier et de nombreux parents des enfants parrainés, le Centre Taramana a été le théâtre d'une cérémonie à laquelle il aurait été bien dommage de ne pas assister.


Par croyance religieuse, les khmers apprécient qu'un lieu de vie quel qu'il soit soit béni par les bonzes de la pagode au cours d'une cérémonie dite du bonheur. Elle consiste à chasser les mauvais esprits et les fantômes (tout le monde y croit là-bas) pour n'attirer que bonheur et sérénité au sein de l'endroit ainsi béni. Prêchant un œcuménisme tolérant, je ne voyais pas d un mauvais œil l'opportunité d'une telle bénédiction. Et puis c'est tout de même bien normal de respecter les traditions ancestrales d'un pays dont le bouddhisme est la religion maîtresse.


Les bonzes avaient été conviés à 16h en ce samedi un peu grisâtre. Président de l'association et responsable du Centre, on m'avait prévenu que je ne pouvais me dérober à la cérémonie; par contre, on avait oublié de me dire que je devais me placer au premier rang, juste en face des bonzes, et que la cérémonie ne démarrerait pas sans moi.

Pris dans un embouteillage de tuk-tuk, me voilà arrivant avec 15 minutes de retard au Centre. J'avais fait savoir par texto qu'ils pouvaient commencer sans moi, prévoyant que je rentrerai discrètement, me tenant en retrait du rite religieux. En fait, je voulais purement et simplement éviter de rester une heure ou plus en position tailleur, ce que de toute façon je n'arrive pas à faire ne serait ce qu'une minute.


Malheureusement pour moi, sous le regard amusé de la foule réunie pour l'occasion, je suis conduit au premier rang, juste en face des 4 bonzes qui ne montrent aucun signe d'irritation qu'aurait pu causer mon retard. Je suis déconfit. Portant un jean un peu trop serré ce jour là, je n'arrive même pas à croiser les jambes. Le cauchemar ne fait que commencer. J'essaie de trouver une position digne de la cérémonie. Je me mets sur le côté droit puis le gauche puis à genoux mais la tradition nous invite à ne pas dominer les religieux. Tout le monde autour de moi me fait signe de ne pas rester assis ainsi en me montrant des positions que je suis bien incapable d'imiter. Il est vrai que je n'ai jamais été bien souple. Les enfants commencent à sourire en me voyant gesticuler dans tous les sens pour adopter une position confortable et acceptable. Du sourire, cela passe à la franche rigolade. Même les bonzes esquissent une mimique amusée me voyant plus qu'embarassé de mon inconfort et de mon impossibilité manifeste à me tenir comme je le devrais. J'aurais payé cher le droit d' avoir une chaise, même un petit tabouret. Moi qui, je l'avoue, aime bien normalement me donner en spectacle, je suis devenu bien involontairement le « clown malgré lui », ne sachant comment arrêter ce numéro très peu amusant pour ma personne.


Devant durer plus d'une heure, les bonzes ont écourté la séance ayant vraiment pitié de moi. Ils ont toutefois réussi l'essentiel de la cérémonie à travers un très mélodieux chant de tonalité sanscrit en envoyant à la volée fleurs et eau bénie qu'ont pu recevoir les invités du premier rang. Oubliant un temps les souffrances de mes genoux et de mon dos, je priais pour que le Centre continue à vivre en paix et en harmonie dans le quartier pour le plus grand bien être des enfants.




S'il y a un souvenir que je ne suis pas prêt d'oublier, c'est bien cette cérémonie! Que du bonheur...


J.D

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A
J'etais sur que tu serais en retard...decidement tu ne changeras jamais! Et le pire, c'est que meme si tu as eu un peu la honte de ta vie, avouons le, car tt le monde t'attendait, ca ne te servira pas de lecon et tu recommenceras...n'est-ce pas??? Ah, sacre Joss!!
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