La guerre du riz n'aura pas lieu? / 14 avril 2008

Publié le par Taramana

Le constat est accablant :

Facture du riz Taramana en novembre 2007 = 468 $

Facture du riz Taramana en avril 2008 = 1010 $

 

 

L’association dispense tous les mois entre 10 à 30 kilos de riz par enfant parrainé. Ce quota de riz a été calculé en fonction de l’état de pauvreté de la famille, du nombre d’enfants parrainés au sein de la même famille (pas plus de 3) et du nombre de personnes au foyer. Cette quantité de riz est d’ailleurs modifiable selon l’évolution sociale de la famille. Le contrat de parrainage signé par l’enfant, un des parents ou tuteur et deux responsables de l’association, stipule que la famille doit signaler tout changement de condition sociale (perte de travail, déménagement, maladie grave,…). Cela s’applique aussi si les conditions de vie vont dans le bon sens où dans ce cas nous serions amenés à diminuer la quantité de riz octroyée à chaque famille. On s’étonne à peine de la moins grande diligence  à déclarer les éléments d’évolution favorable par les familles concernées…

 

 

Comme partout dans le monde, le prix des céréales a flambé. Le riz aussi. Aliment de base consommé par tous les Cambodgiens (comme dans tous les pays asiatiques), le riz est devenu une denrée chère pour les familles aux revenus plus que modestes. En l’espace d’un an, son prix a plus que doublé à Phnom Penh. Si nous achetions le sac de 50 kilos 13 dollars américains, nous devons acheter ce même sac 27 dollars aujourd’hui. Le cours du riz avait même atteint les 40 dollars il y a trois semaines et avait été ramené à 26 dollars sur intervention de Hun Sen, l’actuel Premier Ministre du Cambodge en poste depuis 1985.

 

Le problème n’est pas pour autant réglé et selon les experts, le pire est à venir si rien n’est fait. Une conjoncture internationale associée à la production des biocarburants, la raréfaction des surfaces rizicoles remplacées entre autres par des usines chinoises et à des évènements climatiques désastreux des pays producteurs de riz comme le Vietnam ou la Thaïlande ont conduit à une pénurie de riz dans le monde entier.

 

Tous les produits de base ont augmenté au Cambodge. En fait, cela provient aussi de l’augmentation très sensible de l’essence dont le prix s’est envolé (1 litre coûte désormais 4900 riels contre 2500 il y a encore 18 mois). Tous les produits de consommation courante étant majoritairement importé, il est donc normal qu’ils subissent de plein fouet cette augmentation de prix.

 

Malgré une économie florissante avec une croissance qui dépasse les 10% par an, le Cambodge est un des pays les plus pauvres du Sud Est Asiatique. 80% des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et un habitant sur deux doit vivre avec moins d’un dollar par jour. La croissance du pays ne profite hélas qu’à une minorité de Cambodgiens qui deviennent de plus en plus riches et qui se moquent bien des conditions précaires de leurs compatriotes. Les Chinois ont d’ores et déjà la main mise sur le pays et contrôle l’économie du pays comme celle de la plupart des pays d’Asie avant de gagner tous les autres continents où ils sont déjà bien implantés.

 

Si tous les prix flambent au Cambodge, les salaires eux n’augmentent pas rendant ainsi encore plus difficiles les conditions de vie des plus modestes. Un instituteur de base reçoit un salaire de 25 dollars par mois (moins de 20 euros). Personne ne peut prétendre faire vivre une famille avec un tel salaire. Les ouvrières d’usine (textile) sont à peine mieux loties avec des salaires ne dépassant pas les 50 dollars par mois.

 

Une famille modeste dont les revenus sont compris entre 100 et 150 dollars par mois consacre entre 70 et 80% de son revenu dans l’alimentation quand en France cela représente en moyenne tout juste 10% pour un ménage moyen. Avec l’augmentation du prix du riz et de toutes les denrées, la famille doit rogner sur les 20 à 30% de son budget restant normalement consacré au paiement du loyer, électricité, eau et autres dépenses utiles (vêtements, produits d’entretien et d’hygiène,…). Comme ce budget est déjà très serré, la famille décide souvent de diminuer les achats  de riz ou de nourriture, ce qui accroît davantage la malnutrition surtout chez les plus jeunes.

 

La situation ne pourra de toute évidence perdurer longtemps. Selon les prévisions de la Banque Mondiale et du FMI, des inquiétudes pèsent lourdement sur l’évolution du prix des aliments.

Cela risque de gronder dans les campagnes et dans les quartiers pauvres de la capitale surtout à l’approche des prochaines élections législatives qui se tiendront en juillet prochain.

 

Plus que jamais, notre apport en riz pour les familles est le bienvenu. Taramana veut s’inscrire dans une démarche qui permette aux enfants parrainés  de manger plus équilibré en leur  accordant un peu plus de viande, de poisson ou d’œuf, sources de protéines indispensables à la croissance de l’enfant.

 

Nous rappelons aux familles que l’enfant parrainé doit aller à l’école tous les jours, condition sine qua none au maintien du parrainage. L’éducation est la priorité de notre action afin que l’enfant se donne les meilleures chances d’obtenir un diplôme et un métier qui lui permettra à son tour de faire vivre sa famille.

 

Nous restons très vigilants sur l’évolution du prix du riz. La guerre du riz aura-t –elle lieu ? Beaucoup se posent ici la question. La parité euro/dollar actuellement avantageuse pour l’association nous permet de tenir le choc. Il se posera toutefois à court ou moyen terme la question de savoir s’il faudra diminuer la quantité de riz aux familles ou si un réajustement du prix du parrainage (le plus modéré possible) sera nécessaire pour pallier cette trop injuste augmentation du riz.

  

Phnom Penh, le 14 avril 2008

J.D

 

 

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