Vuthny, futur docteur de Taramana

Publié le par Taramana

SAM_1796.JPGC’est sans conteste un des espoirs véritables de l’association. Ce gamin est un modèle de gentillesse, d’humilité et de sérieux. Au Centre Taramana, il fait l’unanimité auprès de ses professeurs de langues et d’informatique. Toujours discret, il participe activement aux cours n’hésitant pas à commettre des erreurs pour en faire moins la fois suivante. Il est premier quasiment partout au Centre. A l’école publique de Russey Keo, s’il n’est pas en haut du classement, c’est parce qu’il ne participe pas aux cours privés donnés par les mêmes professeurs du public plus soucieux de grappiller quelques dollars supplémentaires que d’instruire leurs élèves.

Force est de constater que Vuthny est un excellent élément qui force l’admiration de tous. Tout P1110921le monde l’adore d’ailleurs. Poli et respectueux en toutes circonstances, il affiche un sourire spontané qui le rend d’emblée sympathique. J’aurais tendance à dire qu’il en est presque agaçant tant Il est difficile de lui trouver un défaut même en y réfléchissant bien. Il réussit tout ce qu’il entreprend. Non content d’être doué à l’école, il est également un petit génie artistique. En quelques mois, il a appris à manier les bolas, sortes de boules en cuir accrochées au bout de 2 chaînes en ferraille que l’on fait tournoyer autour de soi sur des musiques endiablées. C’estvuthny 0355 Romain Beugnot, le fils de l’actuel directeur de l’AFD (Agence Française de Développement) qui l’avait initié à la pratique de cette jonglerie. En à peine deux mois, l’élève avait dépassé le maître. Vuthny est tout simplement impressionnant. A l’occasion de plusieurs spectacles donnés dans de grands restaurants de Phnom Penh il y a quelques mois, Vuthny a fait un véritable buzz. Les ambassadeurs de France et du Japon en redemandaient. Il faut dire qu’on avait mis le paquet. J’étais allé avec Vuthny dans un  marché au Sud de la ville lui chercher une tenue de scène avec chemise de star, pantalon flashy et ceinture blanche qui s’harmonisaient parfaitement avec la lumière noire des vuthny 8596projecteurs. Cinq minutes de folie, c’est la durée du spectacle d’un Vuthny maître de lui et de son art sur une musique électro de Jean-Michel Jarre. Autant dire que l’exercice est physique et périlleux. L’adolescent sort épuisé et essoufflé de ses prestations, expérimentant à chaque fois l’apnée. C’est donc sans peine qu’il avale deux grands verres d’eau pour récupérer de ses efforts.

En juin dernier, en première partie de la TaramanAcademy 2, Vuthny a pu démontrer tous ses talents aux yeux de toute sa famille et des centaines de villageois réunis pour l’occasion, heureux de pouvoir profiter d’un spectacle inédit dans le bidonville.

Malgré cela, Vuthny garde la tête froide. Il habite avec ses parents et son petit frère dans une petite cahute en bois sans prétention le long de la voie ferrée. Son papa est conducteur de tuk tuk et sa maman vendeuse de légumes dans le marché local. La bonté et la gentillesse doivent être héréditaires lorsque l’on connaît ses parents. Le petit Simanith, sonvuthny 8755 frère cadet suit les traces de son aîné. Tous deux  se rendent serviables et participent avec joie aux tâches ménagères de la maison. Vous ne serez pas étonnés d’apprendre qu’ils ne ratent aucun cours et ne sont quasiment jamais en retard à l’école. J’avais remarqué que Vuthny avait fait de sacrés progrès en français comprenant beaucoup mieux ce que je lui disais en dépit de ma diction pas toujours très claire. Le nouveau professeur de français, Monsieur Pheak doit y être pour quelque chose aussi.

P1110787Vuthny veut être docteur comme beaucoup d’autres enfants à qui on a posé la question au cours des enquêtes sociales réalisées en début d’année. Avec l’aide de l’association, il est fort à parier que son rêve devienne réalité.

Notre mission première est de permettre à ces jeunes comme Vuthny d’être l’avenir de ce pays, un pays marqué par le terrible génocide khmer rouge qui a vu l’élite intellectuelle du Cambodge réduite à néant.

Nous sommes parfaitement conscients que la grande majorité des enfants du bidonville P1120391n’atteindront jamais le niveau baccalauréat. Comment le pourraient-ils d’ailleurs quand pour certains leur parrainage a démarré alors qu’ils étaient en niveau 3 (CE2) à 14 ans ? Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ne possèdent pas tous les atouts pour réussir. S’ils sortent des études avec la possibilité d’écrire, lire et compter et qu’ils se débrouillent en français et/ou en anglais en plus de leur langue maternelle, rien ne lesSAM 1507 empêchera de devenir, par exemple,  de bons électriciens ou des ouvriers du bâtiment qualifiés et gagner un honnête salaire. Quand on sait que seuls 10% des bacheliers trouveront un travail, on serait tenté de les orienter plutôt sur une formation professionnelle touchant aux métiers du tourisme en vogue dans le pays. Si en plus, durant leur cursus au Centre Taramana, 2010 04180577ils ont appris tout un tas d’activités ludiques et artistiques, qu’ils ont participé à des spectacles originaux et ont pu découvrir les merveilleux sites de leur pays, alors on pourra dire que l’épopée Taramana aura servi à quelque chose.

Bref, nous ne pouvons et n’envisageons pas de cloner Vuthny parce que si ce gamin reste unique et fabuleux, les autres le sont aussi et méritent tout autant notre soutien et nos encouragements.

 

J.D

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